Nantes : un tableau d’une valeur d’1 M€ vandalisé
Un portrait du peintre Edward Burne-Jones a été la cible de dégradations au musée des Beaux-Arts
Trois « balafres » blanches. Jeudi, en un éclair, « Lady Frances Balfour » a été défigurée. Le portrait du peintre anglais Edward Burne-Jones, exposé salle 11 au premier étage du musée des Beaux-Arts de Nantes, a été vandalisé.
En guise de « balafres », il s’agit de barbouillages « d’un centimètre de long » qui n’auraient « pas déchiré la toile » selon la direction du musée.
Les deux yeux du portrait ont été touchés. Une troisième souillure a été relevée sur la toile de maître, au niveau du vêtement du sujet.
Sitôt les dégradations constatées jeudi en fin de matinée, le tableau a été décroché et mis au secret. Impossible depuis d’accéder à l’oeuvre pour toute personne étrangère au musée.
Trésor national
Acheté un million de francs en 1991, ce tableau est désormais estimé à un million d’euros. « C’est un chef-d’oeuvre, confirme Cyrille Sciama, conservateur du musée, responsable de la collection du XIXe siècle. Une splendeur signée par un peintre mondialement reconnu. Nantes est le seul musée de région en France qui possède un tableau de Burne-Jones. La personne qui a commis cet acte inadmissible n’a pas dû se rendre compte de la valeur de l’oeuvre. Pour moi, c’est comme si on avait assassiné le peintre. C’est absolument révoltant. »
Des traces de correcteur blanc
Le musée comptait moins d’une centaine de personnes dans ses murs quand le délit a été commis.
L’auteur des dégradations est grand. Le tableau, haut de 69 cm, était accroché à 1,80 m. Les marques retrouvées sur le tableau ressemblent à celles laissées par un feutre ou un stylo correcteur blanc. La piste d’un déséquilibré ? A priori écartée. « Les gardiens ont l’habitude de repérer les personnes un peu dérangées, confie-t-on en coulisses. Jeudi matin, il n’y en avait pas. » Le public était composé de personnes isolées et de groupes scolaires.
La signature du correcteur pourrait accréditer la thèse d’une « blague de potache ». « S’il est identifié, le coupable va payer son geste très cher, prévient Cyrille Sciama. Nos assurances se retourneront contre lui. La restauration d’une oeuvre est onéreuse. Il va mettre des années à rembourser. »
Pas de dommages irréversibles
Dans son malheur, le musée estime avoir eu « une chance énorme ».
Le chef-d’oeuvre de Burne-Jones, assure-t-on, n’a pas subi « de dommages irréversibles » malgré « la violence extrêmement grave du coup porté à l’oeuvre ». « On va réussir à lui faire retrouver son état originel », certifie Cyrille Sciama. Un collège d’experts va être appelé au chevet de l’oeuvre.
Presse Océan, 25 octobre 2008