La "kale borroka", une guérilla urbaine au Pays basque
LE MONDE | 16.08.07 | 15h51 • Mis à jour le 16.08.07 | 15h53
La violence urbaine connaît une poussée depuis deux jours au Pays basque
espagnol. Les derniers incidents ont commencé dans la nuit du mardi 14 au
mercredi 15 août, vers 22 heures, à Saint-Sébastien.
Plusieurs personnes cagoulées ont mis le feu à un autobus en plein
centre-ville, sans faire de victimes. Plus tard, dans la vieille ville,
des cocktails Molotov et divers projectiles ont été lancés en direction
des forces de l’ordre, provoquant des blessures légères sur un policier.
Deux hommes, de 20 et 21 ans, ont finalement été arrêtés.
Dans la nuit de lundi à mardi, un premier incident avait éclaté, toujours
à Saint-Sébastien, où une permanence du Parti nationaliste basque
(modéré), au pouvoir dans la région, fut attaquée avec des bouteilles
incendiaires. La même nuit, près de Bilbao, à Amorebieta, des inconnus ont
incendié des conteneurs à ordures dans plusieurs rues de la ville et lancé
ensuite des cocktails Molotov sur cinq distributeurs automatiques de
billets.
Cette guérilla urbaine, dénommée "kale borroka", est organisée par les
jeunes indépendantistes radicaux. Beaucoup d’entre eux s’y forment avant
d’intégrer l’ETA. L’actuel responsable présumé de l’appareil militaire de
l’ETA, Garikoitz Aspiau, alias "Txeroki", est lui-même un ancien de la
"kale borroka".
Cette guérilla urbaine inventée par l’ETA reste un moyen de pression, un
"terrorisme de basse intensité", permettant, selon l’organisation
terroriste, de "socialiser la terreur". Les jeunes indépendantistes s’en
prennent généralement au mobilier urbain : autobus, distributeurs
automatiques de billets, conteneurs à ordures, voitures restent leurs
cibles préférées.
Cette pratique a connu un fort regain à l’automne 2006, tandis que les
indépendantistes basques dénonçaient la paralysie du dialogue entre le
gouvernement espagnol et l’ETA lors de la trêve alors en cours. Une trêve
finalement rompue par l’ETA après l’attentat de fin décembre 2006, à
l’aéroport de Barajas, à Madrid, qui a coûté la vie à deux personnes. Et
définitivement abandonnée, le 4 juin, par la bande armée qui a mis fin à
son "cessez-le-feu permanent". - (Intérim.)
Trois engins désamorcés près d’un hôtel à Anglet
Trois engins explosifs artisanaux ont été désamorcés, mercredi 15 août, à
proximité d’un hôtel, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques). La veille, à 3
heures, un appel anonyme aux services des pompiers avait annoncé que trois
bombes allaient exploser, ajoutant que "le Pays basque n’est pas à
vendre". La pression foncière est en effet le principal motif de
revendication lors des attentats au Pays basque français (Le Monde du 14
août). Des recherches avaient ensuite été lancées, mais n’avaient pas
abouti. C’est un employé de l’hôtel qui a découvert le premier engin,
mercredi vers 9 heures. Les deux autres ont été trouvés par la police,
dans la matinée.
Article paru dans l’édition du 17.08.07.